vendredi 27 avril 2012

L’autonomie et la mendicité

L’autonomie est dans nos sociétés une valeur qui est très reconnue. Que chacun soit capable de s’occuper de ses affaires, n’est-ce pas l’idéal ?

C’est d’ailleurs un «critère» pour reconnaître et différencier un adolescent d’un adulte, il est autonome, indépendant, etc. Il peut faire son épicerie, son lavage, son ménage, il travaille et gagne de l’argent, gère ses finances. Bref, le petit portrait classique.

L’autonomie en grec signifie loi ou mesure par soi-même. Sa loi propre finalement ! Je suis un individu qui règle sa vie selon son propre rythme, sa propre couleur. Est-ce que cela voudrait dire par contre que sa première «loi» est la sienne ? N’est-il pas farouche et rebelle cet autonome ? On peut sentir le début du rapport complexe que l’autonome peut avoir avec ses comparses.

D’une part, l’autonome peut être libéré et dégagé. Il n’est pas immédiatement pris à la gorge par une dépendance ou un devoir précis. Aussi, il peut signifier une certaine disponibilité et facilité d’entreprendre. L’autonome après tout, initie. Ne dépendant pas d’autre chose que de lui-même, il crée, il se lance, et il est potentiellement le modèle typique du créateur.

D’autre part, l’autonome signifie aussi potentiellement le solitaire. En réglant ses comptes, en payant ses dettes, en étant «quitte» avec tous et chacun, il peut alors facilement se replier sur soi et ne plus se sentir concerné par le reste. On est en lien avec les autres plus facilement lorsqu’on est «obligé» face aux autres ! Voilà donc au contraire le féroce autonome qui se donne bonne conscience, puisqu’il règle tout par lui-même. Aussi, il n’entend plus, ne voit plus et peut-être, s’accorde le droit de s’en foutre.

Un ami précieux, un mentor patient, un partenaire, un parent, un musicien. Des exemples, chacun en a, de personnes à qui nous sommes des «obligés» et qu’on ne peut vraiment rendre la pareille. Et je vous dis : c’est tant mieux. Ces voix là, en comparaison, nous ramène dans le monde et nous ramène à ce qu’on a eu. Avec ceux là, la vraie facture est impayée, nous ne sommes pas quittes.

D’autres ont parfois ce même rapport avec nous : ceux qui mendient. Le mendiant, lui, n’a pas le luxe de s’en foutre. Il entre en contact avec nous, et initie un rapport social particulier. En appelant à notre charité, il supplée au manque d’imagination de nos consciences bien emmurés. Il récrée ce mouvement social de chaînes «d’obligés» les uns aux autres. Bref, il brise l’inertie !

Il fut un temps où, sur le ban du «quêteux», un itinérant demandait visite. Et de cette demande naissait, une certaine culture de la communauté.

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