dimanche 12 août 2012

Action personnelle et collective

Une histoire de coordination vue dans un beau petit livre «La juste part» est très instructive. Trois personnes sont arrêtés pour un crime majeur mais, les autorités n'ont aucune preuves. À chacun on propose de dénoncer leurs complices pour aucune sanction, sinon chacun a deux ans de prison pour un petit crime dont on a les preuves. Si quelqu'un est dénoncé pour le crime majeur, il écoppe sept ans de prison.
Individuellement, tous ont intérêt à dénoncer son voisin.
Collectivement, tous ont intérêt à ne rien dire.
Cette manière d'exposer le problème de l'action individuelle ou collective montre bien le fait que chacun, s'il comprend l'intérêt des autres individus pour leur propre sort va induire une réflexion un peu comme suit : «Soit je dénonce, soit je suis dénoncé. De mon point de vue, je ne veux pas que les autres me dénonce, mais je comprend qu'ils veulent me dénoncer. Du point de vue des autres, ils ne veulent pas que je les dénonce, mais ils peuvent comprendre que je suis tenté de les dénoncer. »
Du point de vue externe pourtant, le jeu n'en vaut pas la chandelle, et 6 ans de prison réparti vaut mieux que 21 ans. En louchant vers ses propres intérêts et ses propres prédictions, on se détourne d'une meilleure solution collective. Répondre à la place des autres, avoir peur que l'autre agisse contre moi brouille les cartes d'une coopération plus bénifique à tous.
Jusqu'ici, je ne suis que le porte-parole des auteurs de «La juste part». Le message que cette histoire m'inspire, c'est qu'il ne faut pas décider pour les autres, c'est-à-dire tenter de prévoir si les autres seront assez intelligent pour comprendre la meilleure chose à faire et ce, dans le bien de tous. Si la solution facile, mitoyenne, temporaire, est d'éviter de s'exposer, la solution courageuse au contraire est celle qui prend le pari aventureux de l'audace, celui qui ne se compromet pas par rapport à ce fameux «point de vue de l'autre». Il faut se rappeler que l'autre pense peut-être la même chose que moi ! Qui est donc le premier qui a ursurpé le point de vue de l'autre et qui agit en conséquence, pour le malheur de tous? Je veux bien être réaliste, il est vrai qu'il ne faut pas vivre déconnecté du monde dans lequel nous sommes. «Les hommes sont méchants», dit Machiavel. Il faudrait ajouter qu'à tout moment ils le décident ! Et cela personne ne peut leur enlever, pour peu qu'ils en prenne conscience.
Si je vois bien, réalistement, que le bâteau social est aussi lent à changer de cap que le Titanic, le message bien modeste que je vous lance est d'agir, peut-être le premier qui sait, comme celui qui voit l'ensemble, et qui sait bien, même s'il en retirera rien, qu'il faut agir d'une certaine façon. En parlant autour de lui, ne serait-il pas le premier canalyseur d'une bonne coordination sociale? Et moi, je voterai selon mon coeur, ma tête et mon âme.

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